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  • Photo du rédacteurBe French

Interview Romane Santarelli [Partie 1]

  • Comment veux-tu te présenter au personnes qui suivent Be French ?

Je m’appelle Romane Santarelli, j’ai 22 ans, je suis originaire de Clermont et produis de la musique électronique sous ce nom. Je suis avant tout une passionnée de musique, qui se nourrit de plein de genres et je crois que ça se ressent dans ma musique : elle est assez hybride je crois ! J’essaye de raconter des histoires à travers des pièces instrumentales et surtout de laisser l’auditeur se créer la sienne, se créer ses propres images.

  • Quelles sont les émotions que tu veux retranscrire à travers cette techno douce et enivrante ? 

Moi je suis attirée particulièrement vers la musique électronique qui génère une image mentale, une histoire, à travers la musique d’artistes comme Rone, Jon Hopkins, Agar Agar, Nils Frahm. Ils ont cette dimension visuelle et introspective. Comme s’il s’agissait de livres sonores ! J’aime bien l’idée de proposer des sortes de “tableaux”. En fait, je suis synesthète, je m’en suis rendue compte il y a trois ans. C’est peut-être pour ça que je me tourne vers ce genre de musiques inconsciemment.


Mais je suis aussi attirée, et de plus en plus, par la musique qui stimule le corps, qui appelle à la danse, qui a un côté énergique : Chemical Brothers, Modeselektor, Neil Landstrumm… Du coup j’essaye de retranscrire ces deux idées à travers ma musique. Je trouve qu’Aphex Twin a réalisé ça à merveille à travers sa discographie. Je l’écoute beaucoup en ce moment.

  • Quelles sont tes inspirations ? Et comment tu t’es mise à produire ?

Je crois que dans notre imaginaire, un artiste, il puise son inspiration dans les voyages, les déplacements, les nouveaux horizons. Moi ce n’est pas du tout mon cas, je voyage peu en fait (même si j’aimerais remédier à ça!). En fait, ma principale source d’inspiration elle se trouve tout près de moi : c’est mon entourage, mes relations.


Par exemple avec mon cercle d’amis on passe notre temps à se faire écouter des musiques, à échanger sur ce qui nous touche, à les analyser, à se questionner sur quelle couleur ça nous évoque, quelles émotions ça nous procure… Que ce soit en contexte festif ou au contraire dans des moments de calme, on passe notre temps à faire ça ! Par exemple l’un va arriver et nous lancer un vieux morceau de chanson française, ou de rap, on va tous se poser, écouter silencieusement et à la fin on partage nos interprétations des paroles… Ou on va brancher un multi-jack sur une même source, casque sur les oreilles, puis silence pendant dix minutes et on écoute le morceau. Et on debrief après. C’est assez surprenant et inhabituel je trouve de pouvoir faire ça avec des personnes ! Y’a un côté hyper ludique et à la fois vraiment intime. Vu de l’extérieur ça pourrait même paraître étrange. Mais c’est vraiment une chance pour moi, on peut passer des heures à faire ça. Que ce soit des amis musiciens ou au contraire qui ne le sont pas du tout, réaliser que la Musique, ça les touche autant que moi, et qu’on la perçoit tous d’une manière différente, ça m’intéresse à fond.



Et c’est toute cette démarche de partage qui m’inspire. D’ailleurs les oreilles de mon entourage sont un peu mes cobayes ! Mes parents, mes meilleurs amis, ou même des gens que je peux avoir rencontré il y a peu. Je leur fais écouter mes maquettes et ça me permet d’avoir un recul assez rapidement et d’avancer plus vite. Je suis hyper intéressée de savoir quel élément du morceau va les toucher ou au contraire quel élément il faudrait éclipser selon eux.


Du coup, j’aime bien leur rendre ça, ou du moins je le fais assez naturellement : j’introduis de plus en plus des moments de vie dans mes morceaux, des voix des personnes qui me sont proches que je passe dans des effets, de sorte à ce que ca ne soit pas toujours perceptible dans le rendu. C’est super important pour moi de rajouter cette touche d’émotion dans le “background” de chaque titre. Ça fige un souvenir aussi, un moment de vie.


Et pour répondre à ta deuxième question et bien c’est d’ailleurs un peu comme cela que j’ai commencé de produire, j’avais 16-17 ans, dans ma chambre d’ado avec mon ordi, mon petit clavier midi, on écoutait mes maquettes avec mon meilleur ami d’enfance. Il était hyper enthousiaste, surexcité à l’idée de parler dans un micro. Il y avait un côté vraiment ludique à tout ça ; il me donnait des idées, avec ses mots, et j’essayais de reproduire ces idées. C’était très spontané, ça me fait sourire quand j’y repense. 


Enfin, c’est très important pour moi de vivre la musique “physiquement” aussi : dans mon temps libre je me rends très souvent dans des clubs, à des concerts. Ça m’inspire. 

  • Qu’est-ce que tu retiens de tes expériences avec Kawrites et qu’est-ce que cela t’apporte en tant que compositrice solo ?

Les concerts avec Kawrites m’ont apportée beaucoup d’expérience et de maturité, musicalement comme personnellement. C’était une période où le projet était entièrement indépendant et nécessitait une certaine gestion : c’est moi qui démarchait les programmateurs, qui supervisait les tournées, la paperasse des concerts (contrats, déclarations administratives), qui gérait les plannings répètes, résidences, qui m’occupait de toute la promo, des réseaux sociaux, etc. 


On voyageait en voiture toutes les deux pour aller jouer à travers la France, on était dans notre petite bulle. Du coup cette phase de vie comportait une certaine beauté mais aussi des limites. Je passais plus de temps sur la gestion du projet, plutôt que sur la partie artistique. C’était vraiment chronophage. Mais j’en garde un souvenir impérissable. Le retour en solo a été brutal, même si c’est moi qui l’ai choisi. J’ai été très angoissée de devoir assumer toutes ces choses-là seule, c’est à dire les choses hors de la dimension musicale : par exemple assumer seule le côté presse, vivre seule les trajets et les concerts.



Composer de la musique seule, ça je l’ai toujours fait, et je l’ai toujours un peu préféré d’ailleurs. Mais tout le reste, la dimension globale d’un projet musical, devoir l’assumer seule, ça m’a apportée beaucoup de troubles. J’étais à deux doigts de tout arrêter. Mais j’ai préféré essayer pour voir si j’en étais capable. Et comme j’ai une bonne étoile, les choses ont commencé de vraiment me sourire à ce moment charnière !


J’ai été approchée par deux personnes incroyables qui sont David mon booker (Mediatone) et Emily mon éditrice (Unicum Music) à la rentrée de septembre 2019. Depuis on travaille ensemble, de manière quotidienne, ils sont impliqués à 200% dans le projet et ça c’est inestimable pour moi. Je n’ai pas du tout cette sensation d’être solitaire donc. Et je peux me concentrer davantage sur la musique, parce que maintenant ce sont eux qui assurent la plupart des côtés de gestion que j’assurais avant. Et ils sont bien plus compétents que moi !!

Je me sens entièrement libre et soutenue. Et je me tourne plus vers d’autres artistes, pour des collab, des remixes. 

  • Qu’est-ce que Clermont-Ferrand représente pour toi ? Qu’est-ce que cette ville t'inspire ?

J’y vis depuis 4 ans maintenant. Clermont-Ferrand c’est un peu une ville-campagne ! Elle comporte une certaine routine, ce sont les mêmes lieux qu’on fréquente, les mêmes gens sur lesquels on tombe, et le milieu musical est assez petit aussi. Du coup je m’y sens bien, et à la fois j’aimerais la quitter, parce que justement cette routine peut vite devenir ennuyante.


J’ai déjà fait le tour, depuis un moment. Mais en 10 minutes de voiture, tu peux te rendre dans des paysages magnifiques, et ça c’est vraiment unique. Je suis assez proche de la nature, ça n’a pas toujours été le cas, mais je pars souvent m’éclipser, seule ou accompagnée, dans les paysages alentours. 

C’est d’ailleurs mon rituel de veille de concert : l’ascension du Puy-de-Dôme, du Puy du Pariou…! On a prévu d’y tourner un clip d’ailleurs.

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