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  • Photo du rédacteurBe French

Interview de Romane Santarelli pour son nouvel album "Zéro EP"

Romane Santarelli est une artiste électro qui nous vient tout droit de Clermont-Ferrand. Vous pouvez découvrir sa personnalité et son univers lors d’une précédente interview sur Be French, à l’occasion de la sortie de “Quadri” son précédent projet.

C’est le 30 Octobre 2020 que son dernier album “Zero EP” à été dévoilé. Et pour la deuxième fois, Romane Santarelli a accepté de répondre à nos questions pour comprendre son évolution artistique, et le message qu’elle veut faire passer avec ce dernier projet!


Comment vous définiriez votre style, et plus particulièrement l’ambiance de votre album ?


Les morceaux ont été composés pendant le premier confinement, lors duquel j’ai éprouvé des émotions absolument nouvelles, j’ai aussi voulu explorer une phase plus lumineuse, plus positive de moi. Zero EP c’est vraiment la concrétisation de cette période très étrange lors de laquelle Il y a eu à la fois des grands moments d’optimisme et de grandes chutes pour ma part… les montagnes russes !


Je me souviens avoir été dans l’état d’esprit du style “Je suis à l’arrêt, je ne vais pas me laisser faire, la musique je peux la faire même entre quatre murs, alors même si on m’interdit de sortir, je vais m’évader”. C’était un peu une revendication et une réponse à la grosse frustration de voir tous mes concerts annulés, mes projets gelés. C’est une sorte de gentille colère, une sensation d’être déchirée mais pleine d’espoir. Et je trouve que ça se ressent vachement dans l’ambiance de l’EP : ca alterne toujours entre deux phases opposées.

Il y a plusieurs tableaux, qui se déclinent sur 5 morceaux, et en réalité qui en représentent peut-être plus.


Je me suis sentie “à zéro”, dans le néant, clouée sur place. Mais quand tout est vide, il n’y a aucune limite, il y a tout à faire. C’est pour ça que j’ai voulu le nommer ainsi : Zero EP.

Pour l’idée du “rien”, et de l’infini.

Aussi en référence à la carte du Mat dans le Tarot divinatoire, qui est à la fois le numéro 0 et le 22. C’est une carte très mystérieuse dont personne n’a jamais su si elle est la première carte du jeu ou la dernière, donc, si c’est le commencement du monde ou la fin. Cette carte représente un personnage déboussolé, elle représente l’incertitude et la folie, mais aussi la liberté.


“Mat”, littéralement, signifie aussi “échec final mettant fin à la partie”. J’aimais bien cette idée, du coup j’ai hésité longtemps à nommer l’EP : “Zero” ou “22” en référence à ce concept. Au final je l’ai appelé Zero et j’ai fait en sorte qu’il dure 22 minutes au total… :-)



Votre dernier album “Zero EP” a été conçu lors du confinement, est-ce que ce contexte a influencé les tonalités qu’il contient ? Cela varie entre les différents artistes mais comment avez vous réussi à trouver de l’inspiration dans une situation si particulière?



Comme je disais, ça a été une énergie un peu spéciale, qui a généré beaucoup de spontanéité les premiers jours : je me souviens avoir été un peu dans une sorte de transe les 5 premiers jours du confinement : tout est sorti très vite, c’est la première fois de ma vie que ce genre de situation arrive, normalement je passe beaucoup plus de temps sur la composition. Là, il y a eu une sorte d’éclair d’inspiration qui m’est tombé dessus.


Je pense que j’ai eu ce besoin de me sentir protégée, et cet abri a été la musique. Elle a été mon moyen de me sécuriser, par l’expression. Ca a été immédiat, ce qui donne quelque chose d’assez frais dont les ambiances oscillent entre une partie lumineuse, dansante et euphorique, et une face plus sombre, incertaine.


Je suis revenue à une manière plus “adolescente” aussi de faire la musique, moins l’intellectualiser, moins me poser de questions. En tout cas j’avais besoin d’horizons, de danse et de soleil… du coup, ces 5 morceaux sonnent assez estival!


En comparaison avec “Quadri”, “Zero EP” contient des rythmiques plus marquées, et développées avec plus de liberté, ce qui donne une autre facette de musique que vous pouvez composer. Nous pouvons même décerner certaines rythmiques breakbeat qui ajoutent un vrai mouvement entremêlé entre les mélodies et la basse. Qu’est-ce que cette liberté dans vos rythmiques a apporté de plus à vos morceaux ?


Totalement ! Sur Quadri, je me prenais beaucoup la tête sur la composition des batteries, ma recette c’était de me focaliser sur les subtilités avec les hi-hats par exemple, sur des breaks en fins de mesures, comme si je voulais imiter le jeu d’un vrai batteur. Ca a un côté plus intellectuel, mais ça n’est toujours compatible avec le côté “club”, dansant. Sur Zéro, j’ai cherché un résultat plus direct et immédiat, dans les rythmiques, qui se développent plus, effectivement, et de manière plus techno. Je pense à Elle par exemple, qui connaît une vraie progression par rapport aux drums.

J’accepte aussi maintenant de partir de Loops, avant j’étais intransigeante sur le fait que tout viennent à 100% de moi, et donc je me fermais à cette technique qui est en fait tout aussi intéressante. Je pense à Cannes où j’ai utilisé une loop breakbeat qui rajoute un côté “banger”, ou la loop d’intro de Split Spirit 432. Tout le reste de l’EP, les batteries sont écrites en Midi.

Tu as entièrement raison quand tu parles de liberté dans les rythmiques, pour ces raisons-là, mais aussi dans l’écriture : Velours est écrit en 7 temps et non en 4/4, Attractions alterne entre ternaire et binaire : ça fait un rendu plus instable, et donc plus libre !


Quant aux sonorités des drums, sur Split Spirit 432 par exemple je suis un peu déçue des de celles que j’ai choisies, pourtant je les ai retouchées mille fois et essayé mille choses différentes. je suis en train de me dire que les premières versions étaient peut-être meilleures. Mais des fois, il faut s’avoir s’arrêter et accepter qu’on réussira pas d’aller plus loin, que le morceau est fini, sinon on peut y passer sa vie…!

La corrélation entre vos mélodies et vos lignes de basses ont aussi changé. En effet, dans “Quadri”, les mélodies sont la partie prédominante de vos morceaux, et la basse sert principalement à la soutenir en donnant un peu plus de volume.

Dans “Zero EP”, c’est l’inverse. Les basses sont bien plus présentes, elles sont plus fortes et ont une attaque qui les font ressortir et donnent une tonalité plus underground à votre projet. Il y a même quelques fois des sonorités acid comme dans “Elle”. Ainsi, il y a moins de place pour les mélodies et sont pour la plupart là pour soutenir ces lignes de basses. D'où vous viennent ces inspirations qui sonnent très techno et comment les développez-vous ?

C’est vrai que dans les morceaux de Quadri, les basses servaient plus de soutien. C’est toujours le cas, il y a toujours ce côté de basses qui ancrent, qui servent de tapis solide pour les mélodies qui sont plus aériennes (c’est d’ailleurs ce que j’ai voulu pouvoir représenter sur la pochette, quelque chose d’ancré dans le sol, de lourd, qui contraste avec un ciel)


Mais dans Zero, c’est vrai que j’ai accordé beaucoup plus d’attention aux basses, dans les sonorités et dans la composition pour qu’elles soient plus dansantes. Je suis allée vers d’autres univers aussi dans ce que j’écoute, plus techno effectivement, j’ai pas mal saigné les artistes dannois du label Kulor : Kasper Marrott, Schake... J’avoue avoir écouté en boucle des trucs Disco aussi : les classiques Kitch, comme des pépites puristes de l’époque. Ca a vraiment été mon remède anti-déprime du confinement ça.. le Disco !!


Maintenant la où je dois travailler, c’est ce qui se passe entre les graves et les aigus… Il faut que ça “claque” plus et que ca appelle plus à la danse. Des drums et des synths plus dans les mediums. Pour la suite, dans l’album, l’approche sera différente et j’aimerais changer mon procédé de composition de basses justement, écrire des basselines qui groovent plus.


“Zero EP” est l'occasion pour nous de découvrir les inspirations que vous avez, et que vous aviez moins développées dans vos anciens projets. C’est ce qui ajoute une touche très personnelle et qui rend vos productions captivantes.

Comme dans “Attractions” où nous pouvons presque décrire un aspect dub avec des kicks et des rythmiques particulières à ce style. Ce morceau prend à contre pied vos quatres autres titres et rend votre album encore un peu plus complet, c’est d’ailleurs pour Be French votre projet le plus complet. Quelles émotions, et quel message voulez vous faire passer en vous aventurant dans tous ces styles différents ?


Justement Attractions, c’est le bon exemple de ce que je dis plus haut, sur ce morceau je me suis dit : le lead, ce sera la basse, pas un synthé aigu, ce qui est toujours mon cas.

Et c’est marrant parce que l’histoire de ce morceau est un peu anecdotique : c’était un dimanche, je m’endormais pour une sieste, et en m’endormant j’ai rêvé de notes, ça m’arrive assez rarement de rêver de sons. Et c’était cette mélodie de basse qu’on entend dans l’intro. Donc je me suis levée illico et je l’ai vite enregistrée au clavier sur mon ordi. Le morceau s’est bouclé dans l’après-midi.


Du coup, le hasard intervient souvent, je m’aventure dans différents styles sans trop m’en rendre compte, je me nourris de plein de choses différentes, donc dans ce que je crée, le résultat est assez hybride. Des fois, c’est Pop, des fois c’est Techno, des fois c’est Electronica… Je n’arrive pas trop à catégoriser ma musique, et pour être honnête souvent ca me complexe un peu. Parfois je me console en me disant, qu’au contraire, c’est bon signe ahahah


Souvent en sortie de concert, des gens viennent me dire qu’ils ont adoré mon set alors qu’ils sont “pas très electro” . Ça, c’est un peu une victoire, d’amener des gens vers des choses qu’ils n’aiment pas, ou qu’ils ne connaissent pas. Si je peux ouvrir des esprits, alors c’est génial.


Nous lui avons ensuite demandé de faire un liste de musiciens, d’écrivains qui l’inspire, pour vous faire découvrir de nouveaux genres, de de nouveaux artistes à soutenir durant ce confinement! Voilà sa réponse :


Je vous invite à aller écouter Lalalar, A-wa, Simo Cell, Sacha Rudy, Delayre, Terrier, Sally, CheapHouse, Tryphème.

Et bientôt, le prometteur album de Rrobin & Les Mamans du Congo que j’attends avec impatience ! Il ya le nouvel album de Oneotrix Point Never qui vient de sortir aussi dans lequel je m’évade en ce moment, au casque dans le fond du lit. Je m’intéresse beaucoup à l’artiste Yves Tumor.


Côté lecture, mes livres de chevets en ce moment sont :

Les Ronces de Cécile Coulon que je lisais beaucoup déjà pendant le premier confinement.. Je viens de me commander Exquise Planète aussi, c’est un livre écrit par 4 auteurs qui en reprenant le concept du cadavre exquis, décrivent une planète et les formes de vie susceptibles d'y apparaître et de s'y développer.

Enfin, il faut absolument voir le documentaire Arte sorti ce début de novembre sur l’impact de la crise sanitaire sur la scène électronique, en particulier les clubs : Nuit Noire sur Les Nuits Blanches.


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